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Par Soazig Colleu (Ille-et-Vilaine), mère de Klervia, 12 ans, atteinte de déficience intellectuelle.

Je suis révoltée par la situation dans laquelle se trouve ma fille. Klervia est scolarisée en classe ULIS (Unité Localisée d’Inclusion Scolaire) et suivie par un SESSAD (Service d’Education Spécialisée et de Soin A Domicile) depuis 2017.

Elle devait poursuivre sa scolarité à l’IME (Institut Médico-Educatif) du Triskell l’an prochain. Faute de place, et bien qu’elle soit suivie depuis longtemps et que sa situation n’a rien d’une découverte, l’Éducation Nationale refuse un maintien en ULIS et propose une scolarisation en classe de sixième ordinaire avec l’accompagnement d’une AESH (Accompagnant d’Elèves en Situation de Handicap).

Comment une enfant qui a un niveau scolaire de CP qui rentre tout juste dans la lecture et l’écriture pourra-t-elle s’intégrer dans sa classe ? Que pourra faire une AESH pour l’aider ? Quels centres d’intérêt communs peut-elle avoir avec des enfants sans handicap ? Comment les enseignants pourront-ils l’accueillir dans une classe de vingt-huit élèves ?

C’est d’autant plus dommageable que Klervia est très volontaire et était dans une bonne dynamique de progrès dans les apprentissages.

On nous parle d’école inclusive, mais celle-ci a ses limites et, dans cette situation, elles sont largement dépassées, cela ne peut qu’engendrer de l’exclusion. Cette décision est d’une violence extrême. De ce traumatisme subi, il ne pourra ressortir qu’une dévalorisation immense et de la colère de la part de notre fille.

Nous avons bien évidemment contacté le recteur d’académie, le directeur de l’ARS, le siège social de l’ADAPEI, la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), aucune réponse, le silence… Le Défenseur des Droits nous informe que, puisqu’une solution est proposée, aussi ubuesque soit-elle, ils ne peuvent intervenir. Il faut attendre le clash, la déscolarisation… Comment est-il possible de laisser des enfants, car malheureusement ce n’est pas la seule dans cette situation en France, en 2022 ?

Cette problématique est connue et remontée depuis quelques années au gouvernement, aux ARS, mais sous prétexte d’économies budgétaires, les places continuent à se réduire, mettant des enfants et leur famille dans le désarroi le plus total quand ce n’est pas la précarisation due à l’obligation d’un des parents d’arrêter son travail.

Si nos institutions sont libres de leurs choix budgétaires, elles sont complètement vidées des notions d’égalité et de fraternité. Révoltée par autant d’inhumanité, je souhaitais au moins casser cette indifférence générale tellement confortable.

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