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Élise est la maman de Gabin, âgé de 13 ans et souffrant de paralysie cérébrale. La réforme de la prise en charge des véhicules pour personnes handicapées la fait sortir de ses gonds.

Gabin se déplace en fauteuil roulant, son indispensable allié. Il lui garantit son autonomie de déplacement, son confort, et lui permet d’évoluer librement parmi ses camarades. Son fauteuil est un véhicule unique, spécialement fabriqué pour lui, afin de lui rendre le maximum des services que sa condition physique et l’évolution de sa pathologie lui imposent.

C’est un dispositif médical qui relève de la prescription du médecin rééducateur. En tant que dispositif médical, l’achat d’un fauteuil bénéficie aujourd’hui d’une prise en charge par la CPAM, la MDPH et les mutuelles.

« Cette réforme dont le décret a déjà été publié au Journal Officiel et qui devrait être effective en juillet me met hors de moi ! Au départ, le but est louable, parvenir au reste à charge zéro pour que chacun puisse être équipé, ça a l’air juste. Mais l’Assurance Maladie souhaite aussi être l’unique payeur et supprimer les tiers financeurs comme les mutuelles et la MDPH. Là, ça ne va plus ! Si on prend le cas du fauteuil manuel de Gabin, il coûte, châssis et kit de positionnement compris, 8382 €, financés à hauteur de 6148 € par notre mutuelle et une partie du reste ( 1393 €) par la CPAM. Et on veut me faire croire que demain, avec la réforme, la Sécu, pour atteindre son but du zéro reste à charge, va financer les 8382 € ? »

« En fait, ce qui se profile, c’est un catalogue Sécu proposant quelques modèles de fauteuil, si possible peu coûteux. On le voit venir. La Sécu prône la location longue durée avec à la fin le retour du fauteuil pour sa remise dans le circuit commercial… C’est la fin du sur-mesure et du matériel parfaitement adapté. Donc, si sur ce catalogue Sécu, vous choisissez un modèle, vous êtes remboursé entièrement. Si vous en choisissez un autre, plus adapté mais hors catalogue, pas de prise en charge Sécu, pas d’aide de la MDPH ou de votre mutuelle puisque le matériel n’est pas homologué sécurité sociale ! »

« Qui aura alors les moyens d’un fauteuil réellement adapté dont le coût peut aller jusqu’à 12 000 € ? L’État dit que c’est cher, et que les prix ne se justifient pas. Peut-être, sûrement même, tout ce qui est labellisé Handi est hors de prix, 900 € les chaussures orthopédiques de Gabin ! Mais ce ne sont pas les utilisateurs qui doivent être sanctionnés ! Priver Gabin de son fauteuil léger et maniable, parce que c’est ce qui va arriver, C’est nier son existence même. Il y a quand même de quoi être en colère »

De son coté Sophie Cluzel, Secrétaire d’État au Handicap, promet que « la négociation qui s’ouvre en mars s’appuiera sur l’avis de la Haute autorité de santé (HAS) et prendra en compte les échanges avec l’ensemble des acteurs ». Elle assure vouloir maintenir la possibilité de « renouvellement anticipé du fauteuil en cas d’usure et d’évolution de la pathologie », de « remboursement de plusieurs fauteuils si le besoin est identifié et objectivé », et de « restitution du fauteuil en cas de nouvelle acquisition qui se fera uniquement de façon volontaire pour les personnes qui n’en ont plus usage ». Elle réaffirme également le « respect du droit d’usage avec l’accès à la propriété ou à la location en fonction des prescriptions ».

La publication des textes est prévue au printemps pour une mise en œuvre en juillet 2022.

Crédit photo et interview : Le Courrier de l’Ouest.

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